Obtenir une aide pour rénover son logement sera plus difficile en 2024
C’est LA date qui fait grincer des dents ou inquiète les propriétaires qui veulent louer leur logement. Le 1er janvier 2025, ils ne pourront plus le mettre en location (les locations en cours ne sont pas concernées), si le Diagnostic de performance énergétique (DPE) de leur bien est classé G. Plus de 640.000 logements sont concernés. Leurs propriétaires n’ont d’autre choix que de rénover leur logement, s’ils veulent continuer à le louer. Ou de le vendre, au risque de subir une décote moyenne pouvant grimper jusqu’à -20%, selon la dernière étude des notaires de France.
Dans le premier cas, le gouvernement a mis à la disposition de plus de 1,5 million de ménages, depuis trois ans, une aide, Ma Prime Rénov’, destinée à financer leurs travaux. Mais faute de moyens, les Français se sont massivement tournés vers le simple changement de leurs fenêtres ou de leur vieille chaudière. Insuffisant pour améliorer la performance énergétique de leur logement! Surtout si ces propriétaires vivent dans une copropriété qui a refusé d’entreprendre des travaux plus efficaces.
Pour les inciter à changer de cap, le gouvernement a décidé de serrer la vis. D’abord, pour les copropriétés. À compter du 1er janvier 2024, un DPE collectif - qui coûte entre 1000 et 4000 euros - est obligatoire pour les copropriétés de plus de 200 lots, de 51 à 200 en 2025 et le reste en 2026. Un sacré casse-tête en perspective pour les copropriétaires qui ont déjà fait le DPE pour leur appartement. Serrage de vis en vue aussi pour les ménages à titre individuel. Afin de bénéficier de Ma Prime Rénov’, les propriétaires de passoires thermiques (DPE classés F ou G) devront s’engager à réaliser au moins deux travaux. «Ils devront par exemple remplacer leur vieille chaudière par une pompe à chaleur et isoler leurs murs ou réaliser deux isolations», explique au Figaro le ministère de la Transition énergétique.
2000 euros pour être accompagné
Dans le cas d’un «mono geste», Ma Prime Rénov’ ne pourra bénéficier qu’aux propriétaires de logements dont le DPE est classé entre A et E. «Les Français devront arbitrer entre des mono gestes avec peu d’aides ou des rénovations globales financées mais coûteuses», résume Romain Villain, fondateur de Heero, spécialiste du financement de la rénovation énergétique. Sans compter que les ménages doivent aussi se faire accompagner par un tiers de confiance, Mon Accompagnateur Rénov’, dont la prestation peut être subventionnée jusqu’à 100% et 2000 euros par chantier. Une facture globale financée entre 20% et 100% par l’État, selon que vous soyez aisés ou très modestes.
Un couple sans enfant qui touche 35.000 euros par an, devra débourser plus de 53.000 euros de travaux (isolations des murs, pompe à chaleur, isolation de la toiture et ventilation) pour faire passer son DPE de G à D. Ce ménage bénéficiera d’une aide d’un peu plus de 30.000 euros, en 2024. Le reste à charge, bien que nettement inférieur à celui que les propriétaires auraient déboursé en 2023, est encore très élevé (18.000 euros). «Pour le financer, les ménages peuvent bénéficier d’un éco-PTZ (qui a été prolongé jusqu’à la fin du quinquennat, en 2027) qu’ils peuvent solliciter auprès de leur banque», souligne-t-on au sein du gouvernement qui réclame une «mobilisation collective». Des banques donc mais aussi des artisans. Or, la filière manque de bras et il est compliqué de trouver des experts. Pour tripler les rénovations globales, 200.000 professionnels supplémentaires sont nécessaires d’ici 2030, selon France Stratégie.